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7 février 2009

Laura Smet

Le vendredi 6 février 2009

Laura Smet : du côté de la vie

Dans La frontière de l'aube, Laura Smet prête ses traits à une jeune vedette aux tendances suicidaires, de qui un photographe (Louis Garrel) tombe amoureux.

PHOTO: Fun Films

LA FRONTIERE DE L'AUBE

Marc-André Lussier

La Presse

Révélée il y a quelques années grâce au film Les corps impatients, de Xavier Giannoli, Laura Smet est aujourd'hui la tête d'affiche du nouveau film de Philippe Garrel, La frontière de l'aube.

Peu connue de ce côté-ci de l'Atlantique, Laura Smet est pourtant une personnalité médiatique en France. Et pour cause. Sa mère a pour nom Nathalie Baye. Son père est un certain Jean-Philippe Smet, mieux connu sous le nom de Johnny Hallyday. Au cours des années 80, l'union des deux vedettes a fait les manchettes dans tout ce que l'Hexagone compte de magazines à potins. La carrière de Nathalie Baye a d'ailleurs failli ne pas s'en remettre.

«J'ai une admiration sans bornes pour la force de caractère dont elle a fait preuve, commente Laura Smet. Au moment où elle a quitté mon père, elle n'était plus une actrice aux yeux des gens du milieu. Elle était devenue la femme de. On ne lui offrait plus rien d'intéressant. Or, elle a refusé de faire des compromis, même si c'était difficile. Aujourd'hui, elle est revenue en force. Être une actrice, c'est ça. Il faut savoir qu'un parcours n'est pas forcément lisse.»

Révélée il y a six ans grâce au film Les corps impatients *, le premier long métrage de Xavier Giannoli (Quand j'étais chanteur), tête d'affiche de La demoiselle d'honneur de Chabrol ensuite, Laura Smet a pu s'imposer d'emblée avec des rôles très forts.

«C'est une grande chance, j'en conviens, explique-t-elle. Les corps impatients ayant beaucoup marqué les esprits, les craintes de n'être que «la fille de» aux yeux des gens du milieu se sont estompées. D'ailleurs, Xavier Giannoli ne connaissait même pas mon histoire familiale avant de me rencontrer! En revanche, il est certain qu'un rôle aussi dramatique vous confine à un certain type d'emploi. Or, j'adore les comédies! Dans la vie, je suis d'une nature beaucoup plus légère que ce que laissent entrevoir les rôles qu'on me propose. Quand Pascal Thomas m'a demandé de jouer une nunuche à la Paris Hilton dans L'heure zéro, je n'ai pas hésité une seule seconde. J'y ai pris un plaisir fou!»

Une part d'authenticité

La frontière de l'aube, le plus récent de Philippe Garrel (Les amants réguliers), n'a pourtant rien de léger. Dans ce drame, où intervient aussi une part de surnaturel, Laura Smet prête ses traits à une jeune vedette aux tendances suicidaires, de qui un photographe (Louis Garrel) tombe amoureux.

«Quand Philippe m'a fait parvenir le scénario, j'ai carrément halluciné! commente l'actrice. D'abord, le script était tapé à la machine, à l'ancienne, avec des annotations et des ratures partout! Déjà, je trouvais cela émouvant. Puis, quand je l'ai lu, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer. Ayant vécu moi-même une période un petit peu plus difficile - pas aussi noire que celle que traverse le personnage quand même -, j'ai pu trouver une résonance. J'y ai vu une façon de tourner la page sur cet épisode un peu plus sombre de ma vie. Comme un exutoire, en fait.»

L'histoire personnelle de l'actrice ayant été relayée de façon très publique en France, plusieurs ont vu dans ce film de Garrel une transposition des propres malheurs de cette dernière. Quand cet aspect fut évoqué l'an dernier au cours d'une conférence de presse au Festival de Cannes, où La frontière de l'aube concourait en compétition officielle, le cinéaste n'a pas hésité à prendre le relais. «Comme Flaubert, je dirai que madame Bovary, c'est moi!», avait-il alors déclaré.

«Il est vrai que cette histoire est beaucoup plus proche de celle de Philippe que de la mienne, précise Laura Smet. Je crois qu'il avait très envie d'aborder de front cet épisode qui, bien que datant d'il y a longtemps, l'encombrait toujours.»

Pendant un an, les comédiens se sont ainsi retrouvés deux fois la semaine à répéter le film sous la direction du cinéaste, dans un petit théâtre que ce dernier avait loué pour l'occasion. Le scénario a évolué au fil des propositions qui ont été amenées par les uns et les autres.

«C'est une façon formidable de travailler, car on recrée ainsi l'atmosphère d'une troupe de théâtre, commente l'actrice. Quand le tournage commence, nous sommes complètement dégagés de la technique. Nous pouvons alors nous concentrer entièrement sur nos personnages.»

Ne tournant habituellement qu'une seule prise, Philippe Garrel privilégie ainsi toujours l'instant, histoire de restituer à l'écran la plus grande authenticité possible.

«Philippe est un cinéaste qui aime filmer la vie. D'une certaine façon, il se pose en voyeur. Cela dit, son approche n'a aucune connotation perverse. Il aime se faire le témoin du genre humain, je crois», conclut la comédienne.

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* Sauf erreur, ce film magnifique, dans lequel Laura Smet incarnait une jeune femme atteinte de cancer, est toujours inédit au Québec.

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