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12 janvier 2016

David Bowie. (source Le Monde)

David Bowie, l’extraterrestre.

David Bowie

Le Monde.fr | 11.01.2016 à 08h11•
Mis à jour le12.01.2016 à 15h39
Par Sylvain Siclier.

 L’information, accompagnée de la demande la famille de respecter son « intimité » et son « chagrin »,
a d’abord laissé incrédule. Un nouvel album de Bowie, Blackstar, venait de sortir, le 8 janvier,
jour anniversaire de ses 69 ans ; un spectacle musical, lui aussi titré Lazarus, avec l’acteur Michael C.
Hall, célèbre depuis la série télévisée Dexter, était actuellement joué dans une petite salle, le New York Theatre Workshop,
à la conception duquel Bowie avait participé. Les proches, dont des musiciens, avaient à ces occasions données de ses nouvelles, soulignant sa vitalité, son enthousiasme pour ses dernières créations. Sur quelques photographies publiées dans la presse anglo-saxonne, il était apparu souriant, venu assister le 12 décembre 2015 à l’une des premières représentations publiques, signant des autographes à ses fans.

Artiste caméléon.

David Bowie aura parfois été présenté comme un artiste caméléon, le terme revenait régulièrement lorsqu’il s’agissait de l’évoquer. Adaptant son travail, en particulier musical, sinon complètement aux modes et aux airs du temps, mais en en ayant une conscience aiguë, les faisant siens. Le music-hall, le folk hippie, le glam-rock, la soul, le funk, la pop, les musiques électroniques, le jazz… auront été quelques-uns des genres qu’il avait abordés, leur donnant à chaque fois une couleur, une personnalité. Sa voix passant de la caresse jusqu’au cri, dans de nombreuses nuances, laissant entendre une forme de dramaturgie dans l’expression.
Au cours des années, il endossera aussi le costume de personnages, des doubles possibles. Le jeune homme tranquille de ses débuts, dandy et élégant, jouera sur le travestissement, dans la fin des années 1960. Son personnage le plus célèbre pour le grand public, Ziggy Stardust, sera comme un avatar de la star du rock avec paillettes, dans l’ascension vers la gloire et la chute. Il apparaîtra le visage orné d’un éclair coloré pour Aladdin Sane ; figurera une sorte de pirate annonciateur du punk lorsqu’il se transformera en Halloween Jack ; il sera ensuite le Thin White Duke, probablement le plus proche de ce qu’il vit alors, vers la fin des années 1970, miné par une consommation importante de cocaïne ; avant de se grimer en Pierrot lunaire, au début des années 1980…

Un premier album passé inaperçu.
Né le 8 janvier 1947 à Londres, David Robert Jones, est le deuxième enfant de Haywood John Jones, employé dans des associations caritatives, et de Margaret Burns, ouvreuse au cinéma. Il a un demi-frère, Terry, son aîné de dix ans, qui aura une importance primordiale dans son éducation musicale. C’est lui qui l’emmène à ses premiers concerts de jazz, qui l’initie à la culture. Plusieurs chansons de Bowie, dont All the Madmen ou The Man Who Sold the World, évoqueront cette figure fraternelle, qui se suicidera en 1985 après des années de traitements pour troubles psychiques.
A la maison, on écoute de la musique classique ; à la radio, Bowie entend les premiers sons du rock’n’roll naissant. Le chant, Bowie le pratique d’abord dans la chorale de son école. Adolescent, il reçoit un saxophone, commence à étudier la musique et le maniement de l’instrument avec Ronnie Ross, qui plus tard sera convié par Bowie à jouer sur le disque Transformer (novembre 1972), de Lou Reed, qu’il produit, et notamment dans la chanson Walk on the Wild Side.

Un modèle de couteau.

 Au début des années 1960, avec The Kon-Rads, The King Bees, The Manish Boys ou The Lower Third, Bowie joue du saxophone, qui restera un instrument de référence dans sa discographie, et fait ses premiers pas de chanteur. A la fin de 1965, alors qu’il a déjà enregistré quelques 45-tours, dont Liza Jane, il change de nom sur les conseils de Kenneth Pitt, qui sera son manager durant plusieurs années, afin de ne pas être confondu avec Davy Jones, chanteur des Monkees. Ce sera Bowie, en référence à un héros de l’histoire américaine, Jim Bowie, mort en 1836 lors du siège de Fort Alamo, et qui donna son nom à un modèle de couteau.
Avec ses groupes rock et rhythm’n’blues, la carrière de Bowie est encore balbutiante. Il va se chercher dans un mélange de musique de cabaret, de pop et de folk, que l’on retrouvera sur un premier album, David Bowie, publié en juin 1967, sans succès. Il fréquente dans le même temps le milieu musical londonien, en pleine période psychédélique — on en trouve quelques traces dans cet album —, se dira par la suite avoir été notamment marqué par la personnalité et la musique de Syd Barrett (1946-2006), le premier guitariste de Pink Floyd.
Il rencontre Lindsay Kemp, célèbre mime, dont il va rejoindre la troupe. Avec Kemp, Bowie apprend la gestuelle, la manière de donner à son corps une expressivité, autant d’éléments qui seront mis en jeu lors de ses spectacles. Autre rencontre, quelques années plus tôt, celle avec Marc Bolan (1947-1977), qui deviendra célèbre au début des années 1970 avec le groupe T. Rex. Les deux hommes sont à la fois amis et concurrents, se croisent régulièrement dans une vie de bohème, sans le sou, avec des interrogations sur leurs futurs, mus par un même désir d’être reconnu.

 Travail collectif dans sa demeure de Haddon Hall.

Le succès semble venir pour Bowie avec la chanson Space Oddity, qui raconte l’histoire d’un astronaute, le major Tom. Publiée en 45-tours au début de juillet 1969, elle avait été choisie par la BBC pour accompagner des programmes télévisés consacrés à la mission Apollo 11, qui pour la première fois voit des humains marcher sur la lune. Elle figure en bonne place dans le deuxième album du chanteur, lui aussi intitulé David Bowie, qui sort en novembre 1969 et sera réédité en 1972 sous le titre Space Oddity, Bowie étant depuis devenu une vedette. Elle a été enregistrée avec celui qui deviendra le collaborateur régulier de Bowie, le bassiste et producteur Tony Visconti.
Arrivé en Grande-Bretagne à la fin de 1967, le musicien américain a participé à l’album de Bowie comme musicien et producteur, sauf pour la chanson Space Oddity, produite par Gus Dudgeon (1942-2002). On est là dans une ambiance folk plus marquée, avec des bizarreries musicales, des arrangements de cordes plus travaillés. Les compositions de Bowie s’affinent, comme sa présence vocale.
Bowie a maintenant des envies de retrouver le rock. Il va s’installer dans une grande demeure, à l’automne 1969, avec celle qui sera sa femme durant une dizaine d’années — mariés en mars 1970, ils divorcent en janvier 1980 —, Mary Angela Barnett, dite Angie. La maison s’appelle Haddon Hall. Le couple Bowie y est rejoint par Tony Visconti et son amie, puis par des musiciens, dont le guitariste Mick Ronson (1946-1993). C’est là qu’est ébauchée la matière du troisième album de Bowie, The Man Who Sold the World. Electrique, flirtant presque avec le hard rock, il est le résultat d’un travail collectif — Visconti et Ronson en particulier —, la première trace aussi du futur groupe de Bowie, The Spiders from Mars. Sur la pochette originale, Bowie pose vêtu d’une robe.

 

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